Park Shin Il ▲ you'll succumb to my charms

Je suis quelqu’un d’assez calme, de très franc et d’assez insensible quand on me regarde de loin, qu’on tente de m’approcher. En somme, froid et distant, mais si on creuse un peu, je ne suis pas vraiment tout ça. En fait, je parle franchement, je suis très peu expressif, mais je laisse toujours entendre, pour quelles raisons j’ai dit telle ou telle chose... enfin, quand je vois que j’ai blessé quelqu’un. N’allez pas croire que c’est un plaisir, quelque chose me dérange, je le dis c’est tout, ça plait ou ça ne plait pas, peu importe, c’est fait. Je regrette parfois, mais c’est très rare. Généralement, j’oublie rapidement les problèmes que j’occasionne, parce que je ne les juge pas importants. Je suis très regardant sur qui ne m’adresse la parole, qui me regarde de loin et de travers, mais je laisse faire, ça n’est qu’une fois qu’ils l’ouvrent qu’ils s’en prennent dans les dents. Pourquoi ? Parce qu’ils me jugent, qu’ils sont étroits d’esprit et que je tiens à ma liberté autant qu’à cette tolérance et acceptation de pas mal de travers, car j’en possède moi aussi.

Je ne suis pas tout noir, j’ai mes bons côtés également. Rancunier ? Non, pas du tout. Assez facile à vivre si l’on oublie que je suis un peu autoritaire. J’aime quand ça se passe comme je l’entends sauf quand on ne m’écoute pas et que les mauvaises choses arrivent, forcément... je suis quand même un peu satisfait, mais je ne me réjouis pas du malheur des autres pour autant. Si je peux aider, alors je le fais, je n’ai pas spécialement peur non plus. Courageux ? Orgueilleux ? Prétentieux ? Et un tantinet inconscient. Mais on m’aime pour ça après tout. J’aime faire dans l’humour, même si c’est rare, comme je l’ai dit je suis quelqu’un d’assez calme en règle général, ou plutôt... en apparence. Je me permets beaucoup de choses, jamais rien de bien méchant, mais ça a tendance à déranger. Je me fiche un peu de ce que les autres pensent, excepté certains proches amis. Ils se comptent sur les doigts d’une main, autant dire que je ne crains personne d’autre qu’eux et je suis bien trop fier pour le leur faire savoir... encore une fois. Même si je cède à quelques sensibleries de temps en temps, quand le besoin s’en fait ressentir, ma langue se délie.

Je ne suis pas très sentimental, j’ai même toujours eu du mal à ce niveau là. Je préfère rester détaché et faire croire qu’il n’y a aucun sentiment dans mes relations amoureuses... ça me fait un peu mal, mais j’oublie vite après tout, parce que ça n’était que ça et que je n’ai jamais promis la lune à qui que ce soit. Ma devise reste modeste, ne jamais promettre si on n’est pas capable de tenir ses engagements. Je sais qu’en amour je n’en suis pas capable, alors je ne fais rien miroiter, qu’on me jette la pierre... mais qu’on assume aussi d’avoir cru entendre ou voir des choses que je n’ai jamais dit ou fait. Voilà, ça, c’est moi.

Je suis né un beau jour, dans cette famille normale, une mère, un père et une grande soeur que je protège en général. Elle n’aime pas ça, elle dit que c’est son rôle, mais elle se laisse volontiers faire. Je n’ai manqué de rien, si ce n’est de calme. J’ai une petite famille, mais ils sont assez fous, il n’y avait pas un seul jour où je pouvais bénéficier d’un moment de paix, soit ça criait, soit ça riait trop fort, ça se regardait des films dans le salon, home cinéma... tu parles, celui qui a inventé ce bordel, si j’avais une chance de le rencontrer je lui casserais la figure, il m’a pourrit ma scolarité ! Je me laisse facilement distraire. Enfant, je passais donc plus de temps à rêvasser devant le téléviseur qu’à étudier. Mais quand je ramenais des sales notes, ça bardait. Alors, j’ai fini par m’y mettre, parce que ce n’était pas très sérieux tout ça.

Le truc c’est qu’ils ne se privaient pas pour moi, alors je finissais par m’isoler au mieux pour pouvoir être tranquille. Mais c’était impossible. Nous étions pourtant d’une famille relativement bien sur le plan financier. Alors quoi ? Je sortais et c’était plus calme que chez moi. Mais je ne sortais pas avec mes camarades et c’est ce qui a fini par inquiéter mes parents. Ils ont d’abord cru que ça venait de moi, que j’étais asocial, mais un tour au psychologue et hop, tout était réglé ! Je n’étais pas le problème, c’était leur présence bien trop envahissante. Je ne m’en plaignais tout simplement pas. Alors, ils ont fait des efforts. C’était trop tard, j’avais déjà forgé un sacré caractère !

La suite, l’adolescence, mon passage préféré. J’ai décroché un peu, faute de trop travailler et de passer pour le fils à papa que l’on protège au risque que l’école se voie désertés par les plus fortunés. Cette étiquette vulgaire m’a été arrachée à partir du moment ou j’ai montré mon désintéressement à quelques matières. Je choisissais mes cours, même si je ne séchais pas, je prêtais peu d’attention à certains et beaucoup trop à d’autres. Mais trop, en Corée du Sud, ça n’existe pas.

Bref. J’ai commencé à me faire une réputation de petit rebelle, je n’en étais pas un bien entendu. Mais j’ai su m’imposer et prouver que je valais plus qu’un won. Je n’ai rien fait pour, c’est tout naturellement que je me suis détaché. J’ai commencé à me faire une bande de potes, il y a de tout dans cette bande. Un gosse de riche typique, mauvais pour une raison, seulement je sais pas quoi, énervant sur les bords mais dans l’ensemble ça va plutôt avec moi. Il y a celui qui suit, le bagarreur et moi. Cette bande a fini par me suivre et m’écouter. Oui, à force d’avoir raison aussi... donc je suis le leader. Enfin, on s’en fout. Tout ça pour dire que j’ai une vie assez banale dans le fond, je n’ai absolument pas à me plaindre et quand bien même ce serait le cas, ça se règle assez vite.

Après le lycée, j’ai entamé des études pour devenir mannequin, je n’ai pas échoué à beaucoup de concours, mais disons que j’étais toujours trop jeune, trop fier, ça manquait d’authenticité pour eux. J’ai fini par m’énerver et finalement, ils ont compris que ça n’avait rien à voir avec l’authenticité, mais plutôt... le fait que je sois réservé et assez énigmatique au niveau de mes relations.

Sur le plan relationnel, j’ai un peu plus de mal, mais je suis sorti avec des filles et avec des garçons, sans le moindre complexe. J’ai découvert ma bisexualité vers l’âge de dix-sept ans, c’est assez récent si on regarde bien, mais je m’y suis vite habitué contrairement à mon entourage, aussi ouvert puisse-il être. J’ai souvent eu à me justifier, mais par flemme, je donne directement les arguments les plus convaincants. C’est à la suite d’une soirée passée avec une de mes conquêtes que j’ai fait un drôle de rêve. J’ai pris conscience de ce monde il y a peu et j’y suis encore étranger. Mais un jour, je m’y habituerais. J’essaye de ne pas trop rêver de peur d’y rester. Je sais maintenant, certains appellent à l’aide, ce n’est franchement pas rassurant parce que je ne peux pas me servir de mes poings et que je ne saurais pas comment me sortir de là, coincé dans un rêve c’est triste comme fin...